Triste Fourmi, Pauvre Cigale (F.X. Rigaud)
La Fourmi ayant travaillé
Tout l’été
Se trouva fort fatiguée
Quand l’automne pointa son nez.
Elle se rendit alors chez sa voisine.
« Comment vas-tu, cousine ! »
Lui dit la Cigale, ravie de la visite.
« Ne reste pas là, entre vite ! »
Elle lui offrit l’anis et le dîner
Et un lit pour se reposer.
Profitant de cet accueil fort chaleureux
Dégustant du bonheur les mets les plus délicieux.
La Fourmi expliqua :
« Cousine, le mistral est déjà là,
Pose ton galoubet, la moisson n’attend pas !
Je suis sûre qu’au lieu d’engranger
Tu as musiqué tout l’été !
Merci pour l’excellent accueil que tu m’offres
Mais il t’oblige à épuiser tout ton coffre
Où tu mets tes minces réserves qui, à cause de moi
N’existerons bientôt plus.
Avoue, à la saison chaude : Que faisais-tu ? »
« Je chantais ma belle, toute la journée !
Le soleil
Chaque jour venait me souffler
Quelques mots à l’oreille
Et quelques notes à composer.
Tu as travaillé au temps chaud, avec tes sœurs
Mais tu n’as jamais goûté à la vie, à ses douceurs,
Tu n’as jamais vraiment ouvert ton cœur
Et tu vois aujourd’hui que le travail n’est pas le bonheur.
Tu transpirais cet été, et ce pour survivre.
C’est là le chemin que les fourmis doivent suivre
Mais celui des cigales est bien différent.
Nous chantons tout l’été pour égayer les gens
Mais quand vient la bise hivernale,
Elle amène le froid et la pierre tombale.
Nous ne vivons que peu de temps
Mais nous vivons heureuses trois mois durant.
Tu vivras peut-être dix années… mais triste
Et je peux être fière de ma courte vie d’artiste.
Rien ne sert de vivre longtemps,
Il faut vivre heureux, tout simplement ! »
François-Xavier Rigaud, 2009, Les Fleurs de l'âge