Top 10 du rap français: n°3

Je suis le colocataire de Charles Cartigny et, veuillez me croire, ce n’est pas toujours facile. Surtout depuis que ce dernier s’est entiché de concevoir un TOP 10 de l’agressivité revendiquée comme genre musical. Etait-ce dans le but inavoué d’écorcher mes oreilles plus formées à l’école franco-allemande de la Renaissance ?  Etait-ce par simple absence de goût ? Pour l’instant, la théorie du complot a meilleure presse.


Eh bien, vous savez quoi ? Charles a quand même eu l’outrecuidance de me demander un article. C’est bien la meilleure !


Il m’a dit que c’était important, que l’on entrait quand même dans le TOP 3, que cela comptait pour lui… Il connaît mon grand cœur et m’a pris par les sentiments. Vous connaissez la suite : j’ai lâchement cédé, malgré mes fortes convictions…


Ne me jetez pas la pierre trop vite : j’ai décidé d’en profiter pour saboter son travail de l’intérieur, en bon résistant nostalgique. J’ai d’abord déterré une relique du passé (2001 : l’Odyssée de la musique), au succès universel (disque d’or en une semaine, 650 000 albums vendus), d’un groupe qui s’est déjà séparé – comme le réclamait l’usage avant la décadence musicale qui a suivi la dissolution de Téléphone.  L’album s’appelle Art de rue. Le titre nous promettait davantage des musiques métro que des musiques rétro. Pourtant, au milieu des grossiers tags, j’ai trouvé le mot « turpitude » ; au milieu des coups de klaxon intempestifs, j’ai trouvé la complainte qui s’échappe des gris trottoirs et,  au milieu du rap - il me faut bien le confesser - j’ai trouvé de la pure mélomanie.

Voici Mystère et Suspens de la Fonky Family.

 

Voilà, Cartigny, c’est tout ce que j’ai pu faire.

 

 

 

 

Voici le texte :

 

C'est pour ma famille
On sait d'où on vient sans savoir où on va
A voir l'état de ces rues et leur évolution
On se demande sincèrement à quand l'émeute, la révolution
Hé ducon si je pose autant de questions
C'est que j'ai pas les solutions
Que faire quand y a rien à la clef de nos bonnes résolutions


Ça peut plus durer, combien se le seront jurés
Pour finir sous une pierre tombale ou devant les jurés
Dommage qu'il n'y ait pas de récompense à nos efforts

Qu'a la moindre erreur la justice nous fasse payer le prix fort
On fait c'qu'on peut avec c'qu'on a
Les moyens du bord
Mais la devise reste sauf c'qui peut encore l'être, femmes et gosses d'abord

J'pleure pas sur mon sort y a pire que moi
A l'heure où tu m'écoutes au dessus de ta tête t'as peut-être plus d'toit
Mon job n'est pas d'noircir c'tableau
De toute façon c'est pas d'ma faute si la misère demeure le pire des fléaux

On cherche pas à s'enrichir sur les malheurs des autres
Toutes les vérités sont bonnes à dire et même les nôtres
Au cours d'une vie y a tout un tas de trucs qui n's'oublient pas
Tel le décès de ton gosse avant qu'il puisse faire ses premiers pas

Notre issue finale seul l'avenir le dira
Dieu seul sait comment ça s'finira ou négociera
Mystère et suspense
Soit en taulle soit en benz neuve à fonder une famille au top
ou à laisser une femme veuve
Et toute une flopée de petit Sat derrière
La vie tient à peu de chose

Cette phrase pourrait être ma dernière
Quand j'quitte mes gars
Qui dit que j'vais les revoir
J'suis pas à l'abris d'la bavure

Du mec qui me dit faire son devoir
d'un ou d'une fan qui aurait pété les plombs
Voudrait m'buter comme John Lennon, Martin Luther ou Malcom
Tout n'est qu'incertitude, c'est l'embrouille dur de voir clair

Au milieu de ces turpitudes
Dédié à ceux et celles qui mènent des vies d'chiens ou d'chiennes
J'rapporte la mienne et t'as l'impression que j'raconte la tienne
C'est l'effet FF

Des gars plus vrais qu'nature
Ce côté pieds sur Terre et à la fois immature
Quand j'planne comme Bob Marley
J'sais plus si c'est moi ou la rue

Qui est en train d'parler
J'compte plus voir la vie réaliser mes voeux
Mais si j'crève j'aurais vu naître le Hors-Série Volume 1
Et si Dieu veut sur ce avant de dire aur'voir à jamais

J'ai sûrement tout un tas d'trucs à connaître
et d'épreuves à surmonter
Peu importe tant que les miens sont à mes côtés
J'ferai peut-être partie de ceux sur qu'il faudra compter

[Refrain]
J'vais là où la vie m'mène
Là où mes pieds m'traînent
J'viens d'là où les gens disent tous emmerder l'système
Peu importe la manière forte ou douce

Chacun essaie de survivre conscient qu'on y reste tous
J'vais là où la vie m'mène
Là où mes pieds m'traînent
J'viens d'là où les gens disent tous emmerder l'système

Croire en l'argent, son pouvoir, le respect qu'il dégage
Puiser la force dans l'amour la haine la peine ou la rage

Il fallait que j'maitrise les mots pour m'défendre
Car ce sont des munitions
Si t'as pas les mots t'es baisé
Fallait que j'brûle mes illusions

Fallait bien que je crie aussi c'est ça l'drame
On t'écoute quand tu fais du bruit qu'tu casses ou qu'tu pointes une arme
La mienne un Mic.tu files la vie comme spike
Fumes la nuit non-stop fallait que j'décompresse

Nom d'code : DON CHOA
Fallait que j'le dise haut
Fallait que j 'vise
On avait allumé un feu fallait qu'j'l'attise

Fallait qu'j'ai un but fallait qu'j'fasse mon truc
Y a pas d'magie
Même si j'parle au passé c'est du futur qu'il s'agit
Il fallait pas que j'sois trop feignant

Car je ne suis pas né dans la soie
Fallait qu'j'y crois et pas en m'plaignant
Mon prénom c'est François
Ne régnant sur rien fallait bien qu'je parte

Fallait que j'revienne les mains pleines
FF fallait qu'j'le marque
Fallait qu'on vienne et qu'on démontre à n'importe quel endroit qu'ce soit
Fallait qu'tu viennes à notre rencontre

Peu importe quand peut-être ce soir
Fallait qu'on garde espoir c'est tout c'qu'on pouvait faire
Fallait qu'on soit sincère pas dire c'qui pouvait plaire
Fallait qu'j'défende mon avis mon corps mon humour

Ma famille mes amis jusqu'à la mort mon amour
Il le fallait et tant mieux s'il le fallait bien
J'reste anxieux ne croyez pas que pour moi tout allait bien
Tapez-m'en cinq mais pas dans les yeux si vous m'recevez bien

[Refrain]
J'vais là où la vie m'mène
Là où mes pieds m'traînent
J'viens d'là où les gens disent tous emmerder l'système
Peu importe la manière forte ou douce

Chacun essaie de survivre conscient qu'on y reste tous
J'vais là où la vie m'mène
Là où mes pieds m'traînent
J'viens d'là où les gens disent tous emmerder l'système

Croire en l'argent son pouvoir, le respect qu'il dégage
Puiser la force dans l'amour la haine la peine ou la rage

Sommes nous faux ou vrais
A ton avis bons ou mauvais
Demande à ton ami peut-être qu'il nous connaît
Entre le bien et le mal on navigue

On s'dit que tout est écrit, et qu'c'est la vie quoiqu'il arrive
Le système abîme les nôtres donc la haine les anime
Et c'est normal si tu le ressens lorsqu'on rime
Certains trouvent incompréhensible

Normal, c'n'est pas eux les cibles au tribunal
C'est jamais leurs noms qu'on cite
Ils n'ont jamais eu besoin de voler pour vivre
Ou de connaître le mal-être à cause d'une vie sans équilibre

Ou se droguer pour se sentir libre
Ou se mettre ivre pour oublier le combat qui s'livre
Tout ce que je raconte est minime
Je ne suis ni un caïd ni un saint

Ni accro à la cocaïne
j'suis simple comme mes frères et les tiens
Sans rire et sais qu'on nourrit tous le mal 
Et fait la grève de la faim

Ou bien comme l'a dit Brahim :
"J'vais là où la vie m'mène
Là où mes pieds m'trainent
J'viens d'là où on emmerde l'système

De là où les rues craignent de là où la haine imprègne
De là où les gens freinent de là où le bien et le mal règnent"
Bref je vois que c'est les mêmes histoires chez les riches et les pauvres
Deal de shit et d'gave et de jeunes qui s'gâchent

Dans certains cas c'est un gag
Qu'on ait des parents en place ou pas
C'est leur égaux qu'on nargue et là y a plus de blancs ou de nègres
Du père smicar à celui qui roule en cabriolet

C'est le même dégoût quand c'est ta chair qui vient de cambrioler
Et meurt d'une seringue au bras et complètement isolé
Ça me rend fou d'les voir s' à en être désolé
On a tous des ambitions différentes

Respectons nos différences
Dans nos rues peu ont de bonnes références
Conséquence : c'est la merde
Et on s'y accommode

On vit sur les nerfs
Et y a plus rien d'commode
C'est les sous qui tiennent les commandes
Pourquoi jouer le voyou

Quand t'as tout c'que tu demandes
Chez nous y a pas d'secret le pognon régit tout
Les jeux sont fait et en fin d'course
Ils nous désunit tous

[Refrain]
J'vais là où la vie m'mène
Là ou mes pieds m'traînent
J'viens d'là où les gens disent tous emmerder l'système
Peu importe la manière forte ou douce

Chacun essaie d'survivre conscient qu'on y reste tous
J'vais là où la vie m'mène
Là où mes pieds m'trainent
J'viens d'là où les gens disent tous emmerder l'système

Croire en l'argent son pouvoir le respect qu'il dégage
Puiser le force dans l'amour la haine la peine ou la rage.

 

 

Voici le clip officiel du morceau.

 

 

+ Bago +

 

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27/08/2011
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