Top 10 du rap français: n°1

Voici le jour-J, the D-day, el dia-D, l'heure tant attendue, ou presque. C’est en effet le moment de découvrir la première place du classement des plus beaux textes du rap français.

 

Mais avant cela, j’aimerai défendre ce classement en apportant quelques explications. Sans avoir rien demandé, j’ai été attaqué hier par un certain Etienne Jah Mayonnaise (remarquez déjà le niveau du pseudo…) qui m’a écrit, je cite :

 

                           « Petit reproche: comment peut on oublier dans le top 10 des textes de Keny Arkana, Médine, Brasco, NTM et j'en passe, comment?=) »

 

Cher Etienne, vous me demandez comment ? Et bien, c’est en fait plus simple qu’il n’y paraît. Ce Top 10 n’est qu’un Top 10 et pas un top 50. Dans un Top 50, j’aurais peut-être même mis Fatal Bazooka, Goldofaf et Passymal ! Mais dans un top 10, on ne peut pas mettre tout le monde. Pardon pour le truisme. (C'est quand même grand d'arriver à caler truisme, non ?) Pour ce qui est de Keny Arkana, j’ai hésité à mettre trois de ses textes dans ce classement : La Rage, Victoria et Les Murs de ma ville. Cependant, mettre Keny, c’était enlever Tunisiano ou Sniper et l’on en serait arrivé à un classement des plus beaux textes du rap marseillais francophone ! Je ne dis pas : "En dehors de ces 10 textes, point de salut possible !" J’ai simplement voulu présenter quelques morceaux de choix. Des grands classiques et de plus jeunes rappeurs non moins talentueux…

 

Le rap, ce ne sont pas que des insultes proférées dans un français approximatif sinon maghrebisant, sur un fond musical dissonant sinon dégueulasse, par de jeunes ados en crise qui préfèrent (et c’est là tout leur mérite) prendre le micro que brûler des voitures (bien que l’un n’empêche pas l’autre). Le rap, ça n’est pas ça, ou, n’ayons pas peur d’être nuancé, ça n’est pas toujours ça. Il y a aussi de vraies plumes dans le rap, et c’est ce que je voulais vous montrer dans ce Top 10.

 

Ceci dit, Etienne, les rappeurs que vous citez sont excellents, et je les conseille à ceux qui voudraient aller plus loin. A ce propos, si Etienne veut proposer en commentaire quelques liens vers de bons morceaux de rap, ce serait avec plaisir. Je vous conseille également la page Facebook LES PERLES DU RAP FRANÇAIS pour découvrir de belles nouveautés…

 

 

Bon, revenons à nos moutons. Où en étais-je ? Ah, oui, voilà, le number one du Top n’est plus tout à fait un inconnu puisque nous l’avons déjà rencontré à la quatrième place du classement. Il s’agit de Kery James. Oui, c’est celui qui chantait avec Aznavour. Mais là, il chante tout seul. Lettre à mon public est extrait de son dernier album sorti en 2009, Réel, qui devînt rapidement disque de platine. Cette Lettre à mon public est l’explicit de cet opus. Dans celle-ci, le rappeur annonce une pause dans sa carrière, pour répondre à un besoin de se ressourcer. Des rumeurs évoquent un retour éminemment imminent et la préparation d’un nouvel album. Kery James ne devrait donc pas tarder à revenir… L’Artrose vous tiendra au courant ! Si Kery James apparait deux fois dans ce Top et les deux fois dans le « Big 5 » c’est tout simplement parce que c’est le meilleur et ce texte devrait normalement vous le prouver… Enfin, je l’espère… Bonne écoute !

 

 

 

Voici le texte :

 

Thug Musique, 1er Avril 2009

Avant mon départ fallait que j'écrive une lettre à mon public
De la part du poète noir, Kery james le mélancolique
En toute sincérité, 
Parce que vous le méritez,
Je n'ai que la vérité, 
En échange de l'amour que vous me portez.
Uniquement pour ceux qui m'aiment réellement,
Pleurent en écoutant mes chansons.
Ceux qui me défendent comme si nous étions du même sang, 
Ceux qui dans leurs cœurs ont pour moi de la compassion, 
A ceux qui me devinent, peuvent déceler mon mal-être, 
Percevront les nuances et les sens cachés dans chaque lettre.
A ceux qui j'ai décris, 
A ceux que j'ai écris, 
Comme si mes mots étaient les leurs, à ceux que j'ai guéri, 
A ceux que j'ai aidé,
A ceux que j'ai défendu,
Ceux pour qui j'ai plaidé, 
Ceux que j'ai toujours prétendu, 
Représenter
A ceux que j'ai porté, renforcé, transporté. 
Réconforté, quand ils n'avaient que mes mots pour les abriter.
Aux infirmes du bonheur à qui mes textes servent de béquilles 
Aux inconnus qui me considèrent comme un membre de la famille
Ceux qui m'ont fais une place, dans leurs cœurs, dans leurs vies, 
Je n'aurais que deux choses, à dire j'ai honte et merci.
J'ai honte de ne pas être, celui que vous admirez, 
Je ne serais jamais uniquement, celui qui vous espérez, 
En moi y'a de l'amour, 
Mais en moi y'a de la haine, 
En moi y'a de la peine 
Et il me reste un peu d'humour, 
En moi y'a de la tendresse, mais je peux être une brute, 
Dans ma bouche y'a de la sagesse mais y'a parfois des insultes, 
J'aime la paix,
Mais j'aime aussi la résistance, 
Conscient que la violence, peut être la dernière chance, 
D'obtenir la paix.
Moi aussi j'ai ma part d'ombre, 
Et je suis seul face à elle, quand ma part de lumière tombe, 
Ma part d'ombre a peu de moral et de vertu
Ce qu'abandonne ma lumière ma part d'ombre le perpétue.
Trop exposé au plaisir de la chair,
Ma part d'ombre pourrait éteindre ma lumière, 
Ma part d'ombre déteste levé le drapeau blanc, 
Si ce n'est pour t'étouffer avec et le tremper dans ton sang.
Ma part d'ombre pourrait déraper, frapper, s'armer, armer,
Une arme à feu faire feu et la décharger.
Mes ennemis ignorent de quoi je suis capable,
Je suis sur les ailes de la colombe, mais mon équilibre est instable. 
Y'en a trop qui prennent mon honneur pour une serpillère,
Je patiente, 
Mais ma part d'ombre en attente, 
A de quoi les faire taire.
T'as pas idée de ce qu'elle me murmure, 
Du sang sur les murs et des larmes sur les figures.
En lutte avec moi même comme kamel je résiste,
Je vis avec la crainte que ma lumière se désiste. 
Je vis avec la crainte qu'il me pousse à bout,
Que je gâche tout sur un seul coup, 
Leur vie est la mienne même sur un seul doute.
C'est pourquoi je dois partir, 
Avant que je ne vois tout ce que j'ai construis se détruire.
De toute façon ici je suis toujours stressé, je me sens comme oppressé,
Je n'ai jamais le temps pour rien je suis toujours pressé.
Anxieux et tourmenté je vis dans l'angoisse, j'angoisse 
Et je sais même plus qui je dois voir, quand je me regarde dans une glace
Comme une bougie je vous ai éclairés,
Seulement en même temps je me suis consumé.
Ça t'étonne, mais je ne savoure même pas le succès.
Et tu peux trouver ça étrange tant que tu ignores ce que je sais.
Ta qu'à observer les êtres humains, tu constateras qu'ils meurent tous, 
T'as beau amasser des biens, forcément un jour tu laisses tout.
J'ai beau regarder l'avenir, je vois que des tombes à l'horizon,
Donc il est temps que je m'exile, parmi les hommes de raison.
Ici les gens sont faux, fous, fourbes, travestissent les valeurs, 
Considèrent le pire comme le meilleur.
Chut juste un instant, 
Laisse moi prendre du recul pour mieux reprendre de l'élan.
Que je souffre, que je m'ouvre, que je me retrouve
Peut être même que je me découvre. 
Chut juste un instant 
Laisse moi prendre du recul pour mieux reprendre de l'élan 
Que je souffre, que je m'ouvre, que je me retrouve 
Peut être même que je me découvre.
Thug life, j'ai grandis dans le ghetto, 
Aux portes de l'illicite difficile de rester réglo.
Dix ans et fumant dans les tours de ciment,
J'en ai passer du temps mec, à attendre les clients.
J'ai fais du sale,
J'ai fais du mal à ma mère, 
J'm'en suis sorti mais mes frères 
Ont pris des balles.
Thug story, j'fais pas semblant, 
Et quand je pleure c'est rouge sang passé sanglant.
Sans gants, toute ma jeunesse j'ai défié l'état.
J'ai longtemps cru à la vendetta du beretta.
Frôler la prison et le cimetière,
Jusqu'à ce que ma part d'ombre rencontre ma part de lumière.
"Idéal J" c'était moi.
"Si c'était à refaire" c'était moi.
"Savoir et vivre ensemble" c'était moi.
"Ma vérité" c'était moi.
Et "A l'ombre du show business" c'était encore moi.
Chacun de mes albums est une part de moi même.
Reflète ce que je suis, au moment où je l'écris.
J'évolue donc ma musique ne peut pas rester la même, 
Alors qu'elle est censé être fidèle à moi même.
Alors oui je me suis contredis,
Oui j'ai changé d'avis, 
Et ben oui j'ai grandi.
J'ai préféré vous choquer que vous duper,
En vérité j'ai fais le choix de la sincérité.
Peu comprennent vraiment ma musique, 
Ni mes choix, c'est pourquoi je n'adresse cette lettre qu'à mon public.
A ceux qui m'aiment, voient en moi un espoir,
Même les yeux fermés, les âmes sensibles peuvent voir.
Je suis aussi sage que fou, 
Aussi fort que faible, j'suis aussi humain que vous.
Que de débats sur les forums,
En vérité, je ne suis qu'un homme.

 

 

+ Charles Cartigny +

 

Top 10 du rap français: n°2



29/08/2011
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