Racine (Jean)

Jean Racine (1639-1699)

 

MOUVEMENT:

Il est de la génération classique.

 

BIOGRAPHIE :

Jean Racine naît en 1639. Il perd sa mère alors qu’il a treize mois et son père pendant sa troisième année. Il est élevé par ses grands parents jansénistes. Son grand-père meurt en 1649 et sa grand-mère rejoint Port-Royal en tant que religieuse. L’enseignement délivré à Port-Royal par des professeurs paternels à son égard, est moderne et place le questionnement de l’élève au centre de l’éducation. Racine a l’ambition d’entrer dans les salons mondains. Dans le courant du mois de juin 1663, le Roi Louis XIV tomba gravement malade des suites d'une rougeole qui faillit l'emporter. A sa guérison, Jean Racine s'en inspira et fit imprimer une Ode sur sa convalescence. Elle plut au Roi, et celui-ci lui fit, en 1664, obtenir une pension de 600 livres, versée par Colbert. Mais Racine ne s'arrêta pas en si bon chemin et composa une nouvelle Ode en l'honneur du Roi,  " La Renommée aux Muses ", qui fut accueillie chaleureusement. Le Comte de Saint-Aignan, appréciant cette nouvelle Ode tout particulièrement, devint son protecteur et le fit entrer dans le cercle fermé de la cour. Ainsi Jean Racine put assister au si prisé levé du Roi.

Grâce à cette pension, il se lance dans une carrière théâtrale.

Avec l’échec de la Fronde, le public mondain ne croît plus en les qualités de la nature humaine. Ce changement général de point de vue permet à Racine de remplacer Corneille.

Alexandre, pièce qui plaît au Roi, brouille Racine à la fois avec Molière et avec Port-Royal. Les jansénistes pensent que le théâtre détourne du salut. Ils dénoncent les « dangers moraux que les auteurs de théâtre font courir au public. » Racine leur répond par l’argument de la catharsis.

En 1677, il se marie avec Catherine de Romanet et se rapproche de Port-Royal. Il aura sept enfants avec elle. Beaucoup de ses filles seront religieuses au désespoir de leur père  qui empêchera son fils Jean-Baptiste de devenir auteur de théâtre. Cette même année, tout comme Boileau, il est nommé historiographe du Roi. Cette nomination est pour lui une consécration.

Mme de Maintenon, épouse (secrète !) de Louis XIV demande à Racine d’écrire des pièces édifiantes pour les orphelines nobles de la maison d’éducation de St Cyr. Il accepte pour le défi de rendre compte de l’action de Dieu dans nos vies.

Jean Racine est aussi très connu pour son penchant pour les femmes, et en grand nombre. Dans sa vie on aurait dénombré pas moins de 20 maîtresses et il aurait eu 17 enfants illégitimes. C'est peut-être cette infidélité constante qui lui a valu la disgrâce du Roi à la fin de sa vie. En fait, il a été disgracié pour avoir critiqué Paul Scarron, premier mari de Madame de Maintenon.

Après avoir commencé une Histoire de Port-Royal, il y sera enterré en 1699.

 

 

CITATIONS :

 

«Toute l'invention consiste à faire quelque chose de rien.» à propos de Bérénice.

 

« L'on hait avec excès lorsque l'on hait un frère. » in La Thébaïde.

 

« Je crains votre silence, et non pas vos injures. » in Andromaque

 

« Je l'ai trop aimé pour ne point le haïr. » in Andromaque

 

STYLE :

La quasi-totalité de ses pièces s’inspirent de l’univers antique, ce qui n’est pas nouveau. En revanche, le thème central de ses tragédies est tout à fait nouveau : l’Amour et ses horreurs.  Toutes ses intrigues tournent autours des passions, de la faiblesse et du vice. Les passions font l’intrigue. C’est pour cela qu’on l’appelait « Tendre Racine » (tendresse=passion au 17°). L’intrigue politique est subordonnée à celle de l’amour qui révèle la misère de l’Homme.

Les Plaideurs permet à Racine de montrer qu’il sait prendre de la distance avec les règles classiques.  Cette comédie sera pendant plusieurs siècles un immense succès.

 

PIECES PRINCIPALES:

1664

La Thébaïde

Etéocle

Polynice

Antigone

Créon

Jocaste

Étéocle et Polynice, les deux frères ennemis, se combattent avec fureur, malgré les supplications de leur mère Jocaste et de leur sœur Antigone.  Tous ces personnages sans exceptions sont tués, se tuent ou meurent de douleur au cours de la pièce. Leurs caractères sont encore assez faiblement dessinés : Étéocle et Polynice sont d'une violence monotone, Jocaste lasse par ses déclamations plus qu'elle ne touche, Créon est un traître bien noir et bien cynique. Pourtant les beaux vers ne sont pas rares dans cette pièce, qui fut le coup d'essai, encore hésitant, d'un grand poète.  Il est également fort probable que pour cette première pièce, Molière, par qui la pièce devait être jouée, ait contribué à sa rédaction.

 

1665

Alexandre le Grand

Alexandre

Porus

Taxile

Ariane

Cléophile 

 

La tragédie a pour sujet les amours d'Alexandre et de Cléofile, ainsi que la rivalité entre Porus et Taxile pour l'amour d'Axiane. Racine, dans un souci de réalisme historique, a principalement basé son intrigue sur des éléments décrits dans le huitième livre de Quinte-Curce.

Notons que, au travers du personnage d'Alexandre auquel Louis XIV aimait être comparé, c'est le Roi-Soleil lui-même qui y est célébré.

1667

Andromaque

Oreste

Hermione

Pyrrhus

Andromaque

Après la guerre de Troie, au cours de laquelle Achille a tué Hector, la femme de ce dernier, Andromaque, est réduite à l'état de prisonnière avec son fils Astyanax par Pyrrhus, fils d’Achille. Pyrrhus tombe amoureux d'elle alors qu'il doit en principe épouser Hermione, fille du roi de Sparte, Ménélas.

La structure est celle d’une chaîne amoureuse à sens unique : Oreste aime Hermione, qui veut plaire à Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime son fils Astyanax et son mari Hector qui est mort. L’arrivée d’Oreste à la cour de Pyrrhus marque le déclenchement d’une réaction qui, de maille en maille, va faire exploser la chaîne. L’importance du thème galant est un reste de la pièce précédente de Racine, Alexandre Le Grand.

 

1668

Les Plaideurs

Dandin

Léandre

Chicanneau

Isabelle

L’Intimé

Dandin, juge à moitié fou, veut sans cesse juger des procès. Son fils Léandre, aidé de Petit Jean et de l’Intimé, parvient à l’empêcher de sortir de chez lui. Surviennent le bourgeois Chicanneau et la comtesse de Pimbesche, qui viennent voir Dandin pour des causes différentes. Les deux plaideurs finissent par se chamailler entre eux. Or Léandre cherche un moyen d’obtenir la main d’Isabelle, fille de Chicanneau. . La pièce de Racine, qui suit Andromaque et précède Britannicus, est une farce inattendue dans son œuvre. Un juge sort de chez lui par la fenêtre, des chiens urinent sur la scène, deux jeunes amoureux se jouent du père de la jeune fille, le tout en alexandrins.

La pièce a été représentée à l’Hôtel de Bourgogne en novembre 1668. Plus grand succès de Racine jusqu’au xixe siècle, Les Plaideurs ont concurrencé les comédies les plus populaires de Molière avant de sombrer dans un demi-oubli au cours du xxe siècle.

 

1669

Britannicus

Néron

Agrippine

Junie

Britannicus

Comment l’empereur Néron devient le monstre politique que l’on connaît ? Néron tue Britannicus, son demi-frère, parce qu’il est un ennemi politique et parce qu’il aime Junie, amante de Britannicus.

Comme c’est le cas généralement chez Racine, Néron est poussé moins par la crainte d’être renversé par Britannicus que par une rivalité amoureuse. Son désir pour Junie est empreint de sadisme envers la jeune femme et envers tout ce qu’elle aime. Agrippine est une mère possessive qui ne supporte pas de perdre le contrôle de son fils et de l’Empire.

 

1670

Bérénice

Titus

Bérénice

Antiochus

Paulin

Phénice

Titus ne peut mettre en danger sa mission à la tête de Rome au nom de la passion qui l’unit à Bérénice. La pièce aurait pu procéder par revirements et coups de théâtre pour unir puis éloigner successivement les deux personnages. Racine choisit au contraire de supprimer tous les événements qui pourraient faire de l’ombre à l’unique action du drame : l’annonce, par Titus, du choix qu’il a fait de quitter Bérénice.  La tension atteint son paroxysme à la fin du 4e acte, lorsque Titus explique le drame qui le déchire à Bérénice, qui refuse la décision qu’il a prise. Puis le 5e acte montre admirablement les deux personnages faire face à leur devoir : contrairement à d’autres personnages de Racine, ils acceptent leur séparation sans se réfugier dans la mort.

 

1677

Phèdre

Phèdre

Thésée

Hippolyte

Aricie

Oenone

Hippolyte, fils de Thésée, annonce à son confident Théramène son intention de quitter Trézène pour fuir sa belle-mère Phèdre qu'il n'aime pas et surtout pour fuir son amour pour Aricie, sœur des Pallantides, un clan ennemi. Phèdre, épouse de Thésée, avoue à Œnone, sa nourrice et confidente, la passion qu’elle ressent pour son beau-fils Hippolyte. Hippolyte propose à Aricie de lui rendre le trône d'Attique, laissé vacant par la mort de Thésée, et lui avoue son amour. Leur entretien est interrompu par Phèdre, venue prier Hippolyte de prendre soin de son fils mais qui finit par lui révéler son amour. Thésée, qui n’est pas mort, arrive à Trézène et s’étonne de recevoir un accueil si froid : Hippolyte, qui envisage d’avouer à Thésée son amour pour Aricie, évite sa belle-mère ; Phèdre est submergée par la culpabilité. Hippolyte part après avoir promis à Aricie de l’épouser hors de la ville. Thésée commence à avoir des doutes sur la culpabilité de son fils, mais la nouvelle de sa mort, causée par un monstre marin, survient. Après avoir chassé Œnone qui, de désespoir, s’est jetée dans les flots, Phèdre révèle la vérité à Thésée ; ayant pris auparavant du poison, elle s’effondre sur scène.

 

1689

Esther

Assuréus

Esther

Mardochée

Aman

 

 

Après une introduction à la gloire de Louis XIV et de Madame de Maintenon, Esther raconte à une amie comment elle est devenue la préférée d’Assuérus. Elle a même sauvé le roi en dévoilant un complot avec l’aide de Mardochée, son père adoptif. Mais, Mardochée vient justement lui annoncer que le roi, conseillé par Aman, va faire connaitre un arrêt visant à mettre à mort, quelques jours plus tard, tous les Juifs du royaume perse.

 Aman raconte que les Juifs ont toujours persécuté le peuple amalécite, dont il fait partie. Toutefois, ce n’est pas cette raison qui le pousse à éliminer le peuple juif, mais le manque de respect de Mardochée, qui tous les jours, à l’entrée du palais, refuse de le saluer. À ce moment-là, Assuérus apprend comment Mardochée l’a sauvé autrefois d’un complot. Il fait porter Mardochée en triomphe par Aman. Esther, qui cherche à sauver son peuple, demande à Assuérus de venir dîner chez elle avec Aman.

Aman est furieux d’avoir dû porter Mardochée en triomphe. Il prend toutefois son invitation chez Esther comme une marque de faveur. Mais, Esther révèle à Assuérus qu’elle est juive, que son peuple ne complote pas contre lui et que c’est pour des raisons personnelles qu’Aman veut les faire mourir. Assuérus donne alors à Mardochée la place d’Aman, qui est mis à mort par le peuple.

 

1691

Athalie

Athalie

Joad

Josabet

Athalie, veuve du roi de Juda, gouverne le pays et croit avoir éliminé tout le reste de la famille royale. Elle a abandonné la religion juive en faveur du culte de Baal. En fait, son petit-fils Joas a été sauvé par la femme du grand prêtre.

Contrairement à EstherAthalie est une vraie tragédie en cinq actes. Les chœurs ne sont présents qu'à la fin de chaque acte. Au lieu d'affaiblir l'action, ils lui donnent une dimension poétique et spirituelle.

Racine atteint avec Athalie la grandeur des tragédies grecques qu'il connaît très bien. Il y joint, dans certains discours de Joad, le souffle des prophètes bibliques. Dieu apparaît sous un jour terrible. Des auteurs modernes comme Roland Barthes dénoncent le caractère fanatique de Joad et son langage très violent, tandis qu'Athalie est plutôt tolérante en matière religieuse.

Athalie fut victime de l'opposition des moralistes lors de sa création. Opposés au théâtre en général, ils s'indignaient qu'on fasse jouer une pièce, même à sujet élevé, par les pensionnaires d'une institution pieuse. Représentée sur les scènes publiques après la mort de Madame de Maintenon, Athalie n'a jamais fait partie des pièces les plus populaires de Racine alors que Voltaire y voyait « peut-être le chef-d'œuvre du genre humain » et Flaubert le plus « immortel chef-d'œuvre de la scène française ».

 

 



30/08/2011
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