Le Phare (Charles Frémine)

Pour un poète errant que l’avenir effare
Et qui songe à finir ses jours dans un couvent,
Pour un rêveur, quel rêve ! être gardien de phare,
Vivre sur un écueil dans l’écume et le vent !

 

Loin des villes de plâtre où l’ennui me talonne,
Loger dans une tour de granit et de fer,
Etre, comme un héros, l’hôte d’une colonne,
Et la nuit, comme un astre, illuminer la mer !

 

Au lieu des bois, des champs, des cités, des visages,
Dont l’âge et les saisons altèrent le tableau,
Contempler à loisir d’éternels paysages
A jamais composés de ciel, de pierre et d’eau !

 

Tourner le dos au monde, et, hors de ma poitrine,
Chasser tout ce qui fut ma haine ou mon amour;
N’avoir d’autre horizon que la houle marine,
N’avoir d’autre souci que la couleur du jour !

 

Prisonnier de l’abîme et des rochers qu’il cerne,
Rêver, dormir, gardé par les flots verts et noirs,
Et n’oublier jamais d’allumer ma lanterne…
Mais voilà bien l’ennui, l’allumer tous les soirs.

 

Charles Frémine, Poésies



06/06/2011
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