Focus sur Balzac: sa vie, son oeuvre...

Ceux à qui il reste quelques souvenirs de l’époque archaïque où l’on osait encore faire lire aux collégiens des romans dont le nombre de pages possédait trois chiffres, doivent au moins se souvenir qu’Honoré de Balzac est l’auteur du Père Goriot ou d’Eugénie Grandet. Pour les autres, L’Artrose est là. Focus sur la vie de Balzac et son œuvre.

 

Honoré de Balzac est en fait né Honoré Balssa (beaucoup moins classe) à Tours le 20 mai 1799 (on disait 1er prairial an VII à l’époque). Pour situer un peu le bonhomme dans son siècle, sachez qu’il est naît trois ans avant Victor Hugo et Alexandre Dumas. Sa famille est originaire du Tarn, pour être plus exact, les Balssa sont des paysans du hameau de la Nougayrié, près de Canezac. N’ayons pas peur d’être précis. Son père, Bernard-François (prénom bien plus courant dans le temps), était, pendant la Révolution, directeur des approvisionnements de l’armée. Ce statut permet à B-F (soyons fous) d’offrir la possibilité à son fils Honoré de faire des études en pension à Vendôme. Ses professeurs remarquent assez vite, chez lui, une pathologie qu’heureusement les avancées de la science font reculer à grand pas : une boulimie de lecture. 

Le petit Honoré devenu grand, il exerce la profession d’avoué après des études de droit à Paris. Pourtant, il veut écrire. Il sent que c’est là sa vocation. Ses parents lui proposent donc un marché. L’année de ses vingt ans, ils lui accordent, avec une petite chambre et une modeste pension, deux années pour faire ses preuves en tant qu’écrivain. Sinon, retour chez le notaire pour qui il travaillait. Balzac publie donc, entre 1819 et 1821, plusieurs romans et pièces sous différents pseudonymes, notamment l’anagramme de Lord R’hoone.

Malgré une rallonge d'un an obtenu auprès de ses parents, Honoré ne rencontre toujours pas le succès. Cependant, il rencontre son premier amour, Laure de Berny, filleule de Louis XVI (rien que ça) et châtelaine de Villeparisis. Nommé précepteur de ses enfants, Honoré s’occupera surtout de la mère.

Après Laure de Berny, une autre Laure (d’Abrantès) sera séduite par le romancier. Bien d’autres viendront rallonger la liste de ses amantes. C’est à cet instant précis dans la lecture de l’article que l’on remonte un peu la page pour regarder attentivement le portrait du personnage. L’on se demande alors légitimement : MAIS POURQUOI ? Pourquoi autant de succès auprès de la gente féminine ? Trapu, court sur pattes, bedonnant, cheveux gras et nez en forme de patate, Honoré semble être le portrait type de l’anti-homme à femmes. Ses mains peut-être, son regard sûrement, ou encore son humour ? Balzac était connu de son temps pour sa façon singulière de raconter des histoires, de séduire, de faire rire… Non ! Honoré n’était pas beau, mais le dandy avait du charme, et surtout, il savait être charmeur. Il savait faire rire les femmes, en bref,  il avait tout compris. Petite anecdote par rapport à l'une de ces dames, Eve Hanska. Le 28 février 1832, Honoré reçoit une lettre d’une admiratrice signée « l’Etrangère ». La lettre provient d’Ukraine. Il apprendra plus tard qu’elle provient de la princesse ukrainienne Eve Hanska, propriétaire du château de Wierzchownia. Honoré va lui faire la cour durant 17 ans. Ils ne se verront que peu de fois mais s’écriront beaucoup. Dans ses lettres, Honoré appelle la princesse sa « chérie Loulou » et parle de manière imagée de son anatomie intime. Il écrit par exemple : « Bengali est mort, reviens vite ! » L’état de santé d'Honoré se dégradant, elle acceptera le 14 mars 1850, enfin !, de devenir Mme de Balzac.

Mme Eve Hanska

 

Honoré avait également un rapport formidable à l’argent. Au début, il n’en a pas. Son entreprise d’imprimerie fait faillite presque dès sa création. Son premier véritable succès arrive en 1829, avec la sortie du roman historique : Les Chouans. Balzac commence à crouler sous les dettes. Quand l’argent rentre enfin, au lieu de rembourser ses créanciers, il dépense et vit dans le faste, invite ses amis dandies à des diners au champagne… Pour éponger ses dettes, il faut pourtant faire quelque chose. La solution balzacienne ? Le café. Balzac travaille comme un forçat. Il dort en moyenne quatre heures par nuit (de 20h à minuit), et le reste du temps, boit du café. On estime à plus de 50.000, le nombre de tasses de café qui lui ont été nécessaire pour entreprendre La Comédie Humaine ! Cette nécessité financière servait également deux des objectifs littéraire de Balzac. Il voulait écrire La Comédie Humaine, ce qui prend déjà beaucoup de temps. Il avait intérêt à travaillé beaucoup et peu dormir. Deuxièmement, Honoré voulait que l’on retrouve dans ses romans, une rigueur scientifique. Dans ses descriptions, il voulait approcher scientifiquement, rigoureusement ses personnages. Pour cela aussi, il avait besoin de temps.

 

On choisit souvent de mettre dans un titre (c’est le cas ici), Untel : sa vie, son œuvre… C’est un titre un peu bateau mais tellement judicieux dans le cas de Balzac. Pourquoi ? Pour deux raisons.

Tout d’abord, parce que Son œuvre. Honoré a écrit 91 romans mais n’a finalement écrit qu’une seule œuvre : La Comédie Humaine qu’il ne nommera ainsi qu’à partir de 1840. La Comédie Humaine est ce que l’on pourrait appeler un cycle romanesque. Constituée de tous les romans de Balzac, elle a pour but de peindre la société française dans son ensemble. Ces romans sont divisés en trois catégories : les études de mœurs, les études philosophiques et enfin les études analytiques. Voici un petit tableau dans lequel on peut voir le nombre de romans prévu par Balzac dans son plan de La Comédie Humaine de 1845.

ETUDES DE MŒURS

ETUDES PHILOSOPHIQUES

ETUDES ANALYTIQUES

Scènes de la vie privée

Scènes de la vie de province

Scènes de la vie parisienne

Scènes de la vie politique

Scènes de la vie militaire

Scènes de la vie de campagne

 

 

14 ROMANS

8 ROMANS

13 ROMANS

4 ROMANS

2 ROMANS

3 ROMANS

8 ROMANS

2 ŒUVRES

Le Colonel Chabert (1832)

 

Le Père Goriot (1835)

Eugénie Grandet (1833)

 

Le Lys dans la vallée (1835)

La Duchesse de Langeais (1834)

 

La Maison Nucingen (1838)

Un Episode sous la Terreur (1830)

 

Le Député d’Arcis (1847)

Les Chouans (1829)

Le Curé de village (1839)

La Peau de chagrin (1831)

 

La Recherche de l’absolu (1834)

La Physiologie du mariage (1829)

 

 

Le  Père Goriot est une œuvre clé dans la construction de La Comédie Humaine car le romancier atteint un niveau tel dans la description des personnages qu’il peut les faire réapparaitre. Pour ne citer qu’eux deux, Bianchon apparaît dans 29 romans et Rastignac évolue dans 26 œuvres. Ainsi, Le Père Goriot marque le véritable début du cycle romanesque.

 

Cette première raison entraîne la seconde. La vie de Balzac se confond par moment complètement avec son œuvre. La Comédie Humaine a nécessité la création de plus de 2.000 personnages. Elle est en fin de compte une véritable société parallèle. C’est pourquoi, à la fin de sa vie, le 18 août 1850, agonisant dans son lit, Honoré demande à ses amis qui sont à ses côtés, parmi lesquels Victor Hugo et Mallarmé,  d’aller chercher Bianchon : « Seul Bianchon peut me sauver ! » s’écrit-il. Le problème, c’est que si Bianchon est bien médecin, il ne l’est que dans La Comédie Humaine. Un peu comme un joueur de W.O.W qui achèterait de l’eau dans le jeu en sentant sa gorge se sécher, Honoré de Balzac en est venu à confondre la société parallèle qu’il avait créée et la réalité.

 

C’est ainsi que Balzac meurt, dans une petite chambre où il se cachait pour éviter les créanciers. Endetté de l’équivalent de plus de 500.000 €, notre Honoré s’en va, entouré de ses amis, quelques uns des meilleurs écrivains de son temps, et des  2.000 personnages de son monde à lui.

Dans La Maison Nucingen, Honoré écrit : « Les vocations manquées déteignent sur toute l’existence ». A croire qu’il a fait de cette phrase sa devise. Il a toujours travaillé, toujours cru en sa vocation de romancier, et c’est sans doute pour cela qu’il a eu la vie qu’il a mené. Persuadé qu’il était un être exceptionnel, Honoré a suivi sa vocation et n’a pas raté son existence.

 

Pour quelque chose de plus synthétique, vous pouvez consultez la Fiche Artiste de Balzac sur L'Artrose, en cliquant ici.



05/06/2011
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 2 autres membres