La fanciulla del fiore ou La Bretonne et le Vénitien

Chatoyant, ce tableau nous interpelle par son sujet. Comment des couleurs aussi gaies peuvent-t-elles servir les traits d’une boudeuse ? Regardez la, cette paysanne rougeaude aux traits grossiers, à la bouche résignée. Le regard vitreux, insensible dédaigne la naturelle curiosité du modèle pour l’artiste. Poser, elle y consent avec tous les efforts du monde. Une corvée, pour elle qui se tient crispée sur son tabouret. Il semble que l’artiste ait été obligé de mettre dans son œuvre tous les artifices de la gaité : deux bouquets colorés, une fleur jaune dans une main molle, un bleu léger virant au mauve, pour parer cette triste mine.

 

Le désaccord entre modèle et peintre, c’est, en vérité, ce que pourrait être le sujet de ce tableau. Il serait alors traité, sous l’angle de l’humour par l’œil amusé et attendri du peintre. La boudeuse sent ce regard, tout sauf grave et solennel qu’elle aurait espéré voir éveillé dans les yeux de l’artiste. Elle avait consenti à poser pour la fierté que lui procurait la symbolique du geste. La voilà ridiculisée par celui qui profite de sa « stature de muse ». Elle réprime sa colère. La pauvre en rougit. Et les couleurs vives de ses joues, servent le pinceau plaisantin de l’artiste.

 

On reconnait dans la technique de Gino Rossi un petit quelque chose de Gauguin, n’est-ce pas ? Ces couleurs fauves, cette manière de traiter les formes, grossies et arrondies. Et l’on ne s’y trompe pas. Gino Rossi ne propose pas, à nos yeux, quelque chose de nouveau dans la technique. La manière dont il traite le sujet, Van Gogh ou Gauguin l’on exploitée, passant à la postérité. Et c’est volontairement, par admiration qu’il a suivi leurs traces en Bretagne et à Tahiti.

 

S’il est très peu connu en France, l’Italie a su cependant reconnaître le travail de ce peintre talentueux. Gino Rossi est perçu par les critiques comme l’un des plus grands peintres de l’art moderne italien. Et La Fanciulla del Fiore exposée pour la première fois en 1910 a fait la gloire des débuts de la Ca 'Pesaro, encore aujourd’hui musée d’art moderne à Venise.

 

L’œuvre est visible au musée Guggenheim de Venise : www.guggenheim-venice.it

 

Musée qui vaut le détour pour l’histoire de sa riche collection et des murs qui l’abritent !

 

+ La glaneuse +



29/08/2011
3 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 2 autres membres